Sortie ce week end sur
Netflix,
Luke Cage est la cinquième série issue du
Marvel Cinematic Universe (en comptant
Agents of S.H.I.E.L.D. et
Agent Carter).
Avec
Daredevil,
Jessica Jones et la future série
Iron Fist, cette série servira de base afin de lancer une autre série,
Defenders, qui fera office, en quelque sorte, d'
Avengers pour le petit écran.
Après l'immense succès des deux saisons
Daredevil et le succès critique de la première saison de
Jessica Jones, cette première saison de
Luke Cage est elle à la hauteur de nos espérances ?
Honnêtement, je n'attendais absolument rien de cette série. Le coté 'divertissant' était largement suffisant pour moi, mais vu les précédentes productions diffusées sur
Netflix, j'imaginais bien qu'elle pouvait me surprendre...
Effectivement, cette série ne déroge pas à la règle...
Bon, quand on nous dit
Luke Cage, on pense forcément à Harlem, et on se doute que la série va avoir une certaine connotation afro-américaine. Mais à ce point là, je ne m'y attendais pas. C'est une pure série '
Black' et elle ne s'en cache pas, elle en joue beaucoup, et ça ajoute à son charme. D'un coté, c'est un peu dommage et facile, mais d'un autre, c'est plutot bien fait et ça donne justement sa couleur (sans mauvais jeu de mots) à la série.
Résolument moderne, on trouve ici bon nombre de codes et de références aux films de
blaxploitation. Difficile de passer outre quand on nous cite
Shaft trois ou quatre fois dès les premiers épisodes. Plus drôle, on trouve même des clins d’œil aux hommages, les deux plus visibles étant à l'attention de
Quentin Tarantino, quand l'un des personnage se vante d'avoir fait un carnage "
façon Django Unchained" en concluant son récit par "
spéciale dédicace à Quentin", et l'autre quand, dans un club de Harlem, on assiste à un live de
The Delfonics, groupe particulièrement apprécié par
Jackie Brown dans le film éponyme.
La bande originale est d'ailleurs un des gros points fort de la série, alliant avec un certain brio les principales mouvances de musiques afro-américaines. Jazz, soul, blues, funk, et bien sur du rap. On félicitera d'ailleurs la production d'avoir fait appel à de vrais artistes pour les performances live données dans le club des méchants, le
Harlem’s Paradise. On y croise, outre
The Delfonics, des gens comme
Faith Evans,
Raphael Saadiq,
Charles Bradley, ou encore
Jidenna. Ils se payent même la gaufre d'une petite apparition de
Method Man qui nous gratifie d'un petit 'freestyle' écrit spécialement pour la série et contenant pas mal d'allusions au
MCU.
Des références dans le quartier, la musique, les clins d’œil, mais aussi beaucoup de références historiques et culturelles, à des personnages ou à des lieux qui, hélas, ne parleront peut être pas aux reste du monde, mais quand on sait que le public cible sont les 16-25ans vivants aux USA, on se dit que c'est très bien joué de leur part. C'est un très bon moyen d'atteindre la jeunesse et de la faire réfléchir sur des sujets qui sont, hélas pour certains, toujours d'actualité. Et puis dans l'absolu, même pour un européen trentenaire fan de comics, un peu d'histoire et de culture ça ne fait jamais de mal
Niveau ambiance donc, la série
Luke Cage réussit haut la main et se démarque sans trop de mal des autres séries qui ont essayé de donner un ton similaire à leur projet (
Empire en tête).
On notera également que cette série est quand même bien moins sombre que les précédentes, mais bon, cette ambiance si particulière rattrape assez bien le coup.
Du coté de l'adaptation, et bien encore une fois, on reste dans ce que
Marvel propose depuis le début avec le
MCU. Oui, il y a des changements, des adaptations, des nouveautés, du fan-service, mais ça se tient toujours, ça reste homogène et cohérent, donc on arrive à passer outre et à profiter pleinement de la série. Ils ont même réussi le tour de force de caser dans la série le costume original des comics, et pourtant aujourd'hui c'est un accoutrement complétement improbable :
Après, certains changement sont un peu plus drastiques que d'autres, comme les vilains de la série, (
Cottonmouth,
Black Mariah,
Diamondback,
Shades ou, dans une moindre mesure,
Comanche) qui ont quand même été bien remaniés et qui ne ressemblent plus vraiment à leurs homologues papier. Mais encore une fois, on trouve des liens, des clins d’œil et du fan-service, bien présents pour qu'on n'oublie pas qui ils sont, d’où ils viennent, et ce qu'ils pourraient devenir dans la série.
Du coté des forces de l'ordre, là encore on retrouve des personnages de comics ayant bien changés avec
Misty Knight, personnage dont on pourrait attendre beaucoup pour la suite, et
Rafael Scarfe.
Comme pour les séries
Daredevil et
Jessica Jones, même si on tend à garder l'essence des comics, on cherche aussi à ancrer cet univers dans quelque chose de concret, de bien réel, et de crédible, même si on parle de super-héros. Et j’avoue que, malgré quelques surprises liées à l'adaptation, le pari est plutôt réussi.
Bien entendu, qui dit
MCU dit continuité, et là tout s'emboite parfaitement. Via une réplique, un article dans un journal qui traine, un reportage qui passe à la TV, une radio en bruit de fond, les références sont nombreuses. La plus importante reste cependant
Claire Temple, l'infirmière de nuit, dont le rôle prend ici de l'ampleur et de l'importance, allant jusqu'à la placer encore plus au centre des événements et d'en faire une proche du personnage principal. Une bonne chose quant au traitement des personnages secondaires dans leurs séries.
Je pourrais enchainer en parlant de la réalisation, de la mise en scène, des effets spéciaux, etc, mais ça ne serait pas intéressant. C'est globalement bien fait, les gens connaissent leur boulot, et il n'y a pas grand chose à dire. Il y a du bon, du moins bon, mais ils restent au niveau de ce que
Marvel a déjà fait, même si le registre et les enjeux paraissent bien différents.
Car c'est là que le bas peut blesser, avec l'histoire et le scénario...
C'est relativement simple, mais ça n'est pas toujours efficace, ni très logique d'ailleurs... L'intrigue principale n'est pas si mal que ça, mais par certains cotés, elle rappelle trop celle de la première saison de
Daredevil. On aurait pu faire fi de tout ça si le héros avait été aussi intéressant que
Daredevil, mais hélas ce n'est pas le cas...
C'est même un des plus gros points faible de la série...
Luke Cage apparait comme un
Terminator lors des scènes d'action, monolithique, quasi immobile et quasi invincible, ce qui n'est pas folichon, et en plus il passe pour un boyscout un peu con quand il s'agit de prendre des décisions... Sérieusement, si il s'était sorti les doigts du postérieur plus rapidement, il y aurait eu bien moins de 13 épisodes... Il y avait matière à faire autre chose de plus intéressant avec ce personnage, donc je ne comprend pas vraiment leurs choix... Heureusement pour nous, les méchants sont vraiment intéressants, bien écrits et bien campés. La construction et le développement de
Black Mariah tout au long de la série est franchement plus malin et plus abouti en comparaison du héros.
Coté rythme, c'est pareil, la série se suit facilement, mais il y a des longueurs qui auraient pu être évitées et qui plombent un peu la série.
- Rien de tragique, mais un bon Spoiler quand meme:
Sérieusement, 3 épisodes pour que Luke se soigne après avoir pris deux balles, ça fait plus long qu'une remontée de terrain dans Olive et Tom
Encore heureux que ça bouge du coté des méchants pour nous faire passer le temps...
Ceci nous amène au parti pris le plus intéressant de la série avec le final. Classique sur pas mal de points, il se révèle néanmoins surprenant et donne vraiment envie de connaitre la suite des événements.
- Gros Spoiler de la mort qui tue !! Ne pas lire avant d'avoir vu la série !!!:
Faire 'gagner' Black Mariah et Shades, laissant derrière une Misty Kinght dégoutée du système et envoyant Luke Cage en prison, même si on se doute plus que fortement qu'il n'y restera pas, c'était vraiment bien joué de la part des showrunners
Au final, je suis assez mitigé, mais content de cette série... C'est divertissant, c'est bien fait, l'ambiance
black est très fun (si on aime le genre)... Mais cette série reste indéniablement la plus faible et la moins intéressante des séries du
MCU de
Netflix.
Daredevil est une série sombre avec une bonne dose d'action et de violence graphique.
Jessica Jones est également sombre, mais s'axe bien plus sur le fond de sa galerie de losers magnifiques et porte la violence psychologique à un niveau rarement atteint dans une série.
Luke Cage, n'a rien de tel à proposer... C'est juste une série sympa et plutôt bien faite sur fond de
blaxploitation qui ne vaudrait pas grand chose sans ses méchants...
J'espère sincèrement qu'il vont se creuser un peu plus pour la suite et/ou pour une éventuelle saison 2. Malgré tout, j'attends ça avec impatience